
Grâce à différentes cellules nerveuses, situées à l’extrémité de leurs racines, les arbres communiquent olfactivement, visuellement et électriquement. Si certains scientifiques, qui s’intéressent à ce langage élaboré, ont démontré ces capacités neurobiologiques végétales, d’autres passionnés ont mis en avant celle de produire des sons, jusqu’à créer d’étonnants supports.
De sculpteur d’arbres en « sculpteur de sons, José LE PIEZ, s’est ainsi transformé » en « artiste interactif« . En 2006, son invention des « Arbrassons » a même officiellement été référencée par la National Gallery de Washington et la bibliothèque d’Ottawa.
Découvrez, avec moi, ses « idiophones à bois frotté« , affectueusement surnommés « instruments à caresses« , présentés à l’Abbaye du Bon Repos (35), du 01/04 au 31/10/21.

Emblèmes symbiotiques du monde, par l’unité fondamentale de ses trois plans (souterrain, terrestre et céleste), les arbres fascinent José LE PIEZ depuis l’enfance. Sur le terrain, l’héritage familial (grand-père forestier, père artiste et professeur des Beaux-Arts), l’a rapidement amené à vouloir les sculpter, après les avoir élagués, pour la mairie de Paris.
En juin 1997, alors qu’il exposait dans une galerie de la capitale, au Faubourg des arts, il a découvert qu’une des sculptures, sur laquelle il passait la main, chantait… Interviewé par le journal Le Monde, voici ce qu’il raconte en 2018 : « Il faisait très chaud, comme aujourd’hui. Lorsque j’ai posé la main sur l’une de mes sculptures, une envolée d’oiseaux a jailli d’entre mes doigts.»

Bien que les Arbrassons ne correspondent à aucune catégorie d’instruments répertoriés (ni à corde, ni à vent, sans caisse de résonance), certains ethnomusicologues du Musée du Quai Branly, leur ont trouvé des similitudes avec le ‘Livika » ou « nunut« , tambour à friction de Papouasie-Nouvelle-Guinée funéraire, imitant la voix de l’âme des morts, utilisé rituellement pour demander une répartition des richesses des défunts, juste et équitable.
Par ailleurs, leurs infrasons évoquent aussi les croyances des chamans des forêts primaires amérindiennes, à l’instar de Davi Kopenawa qui déclarait à l’ethnologue Bruce Albert, au début des années 2000 :
« Les esprits oiseaux qui viennent apporter leurs chants de pouvoir aux chamans vont les apprendre de l’arbre à sons. » (La Chute du ciel. Paroles d’un chaman Yanomami , Plon, « Terre humaine », 2010)



Musicien depuis 1999, José LE PIEZ continue d’explorer les variations soniques en veillant à sa mission de « passeur d’arbre, passeur d’âme« , conscient des bénéfices de la sylvothérapie.
A l’instar de la salutaire scarification du jardinage (graines, arbres…), l’autodidacte fend des morceaux d’arbre mort, avec sa tronçonneuse, pour transformer les monoblocs boisés en médiums musicaux, dans un mouvement interactif, spontané (sans dessin préalable), à la fois corporel et calligraphique. « Chaque entaille va donner une note et le tout crée ensuite une ligne mélodique », explique-t-il.


Pour cette démarche perceptuelle, José LE PIEZ utilise différentes essences de bois : cèdre, cerisier, chêne, érable, ginko, épicéa, wengé… En effet, l’acoustique varie selon les rythmes lunaires et marées gravimétriques, l’humidité, les formes et les bois sculptés.
Entre Nature et culture, les ondes sonores de ces mémoires de vie universelles, tiennent donc, selon le cas, d’un « chant » singulier, « primitivo-contemporain », d’étranges « nuées d’oiseaux », « essaims bourdonnants », « plaintes elfiques », « gémissements féeriques. »
« Jamais l’arbre n’a été adoré rien que pour lui-même… Mais toujours pour ce qui, à travers lui, se révélait. » (Mircéa Éliade, Traité d’histoire des religions)

Depuis 2003, José LE PIEZ a créé l’association « Angeli primitivi » avec Patricia CHATEALAIN, peintre naturaliste. Avec d’autres musiciens, partageant leur philosophie, « ils vivent l’improvisation musicale comme un espace sacré » permettant l’émergence de l’imperceptible mémoire du vivant. C’est notamment le cas de Beñat ACHIARY, que certains chroniqueurs qualifient d' »arbravocaliste« , avec qui ils forment le trio URBAÏLA.
Que l’on apprécie, ou non, cet univers sonore, difficile de demeurer totalement indifférent(e) à la découverte d’un art dynamique qui questionne l’harmonie utopique.
Pour revivre, in situ, les coulisses de cette résidence d’artistes découvertes, cet été, dans ce lieu spirituel de l’Argoat :
CuriousCat

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